Les orges brassicoles passent d’un déficit à un excédent
Par rapport aux trois ou quatre dernières années, 2024 a marqué un changement de tendance pour le marché brassicole.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Alors qu’elles avaient grimpé « jusqu’à 120 à 130 euros » ces dernières années, les primes brassicoles ont fortement baissé, à moins de 20 euros au début d'avril 2025, soit un niveau « pas vu depuis 2020 », signalait Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce by InVivo, le 3 avril lors du colloque sur les orges brassicoles. Plusieurs facteurs pèsent notamment sur les cours brassicoles.
Marché fourrager ferme
D’une part, le marché de l’orge fourragère est resté ferme. Si dans l'hémisphère Sud, la récolte de 2024 a été « très satisfaisante », avec une récolte historique en Australie, dans l'hémisphère Nord, elle a été plus faible sur un an. « Et les exportateurs ont sorti leur orge tôt sur la période de juillet à septembre 2024. À l’heure actuelle, il n’y a presque plus de disponibilité en orge fourragère dans l'hémisphère Nord : le marché est asséché alors que la demande est restée soutenue. » Le trader note un élément baissier : les besoins de la Chine, l’un des principaux importateurs mondiaux d’orge, sont attendus en baisse de 5 Mt sur un an en 2024-2025. Il reste également des incertitudes quant à la politique américaine « disruptive », source de volatilité.
« En orge de brasserie, la dynamique est différente », indique Alexis Garnot. Les primes brassicoles élevées des dernières années ont incité les producteurs à semer de l’orge de printemps, dont les surfaces ont progressé en 2024, et la production mondiale n’a pas connu d’incident majeur. En Europe, le bilan de 2024 de l’orge brassicole est « relativement lourd », avec un fort surplus disponible. Néanmoins, « nous n’avons pas eu l’opportunité de l’exporter à cause de prix non compétitifs », indique l’expert. En cause, la concurrence de l’hémisphère Sud avec son fort disponible exportable et ses prix agressifs. Baisse de la consommation de bière qui se répercute sur l’orge brassicole, mauvaise météo, stocks élevés… En 2024, « les planètes se sont alignées dans le mauvais sens pour le marché brassicole », résume Alexis Garnot.
Incertitudes pour la récolte de 2025
Après le record de l’an dernier, les surfaces en orges dans l’Union européenne baissent pour la récolte de 2025. Si le bilan européen d’orge brassicole d’hiver est attendu confortable (environ 0,5 Mt), en orge de printemps il devrait reculer sur un an (près de 0,8 Mt). « C’est correct, mais ne permet pas d’accident de production », souligne le trader. La production mondiale d’orge de brasserie devrait toutefois être suffisante, sauf accident, estime-t-il. Quant à la tendance de marché, « il y a beaucoup d’incertitudes », appuie-t-il. La demande de malt « ne montre pas de francs signes de reprises ».
Le stock de report sera consommé par les malteurs européens en juillet et août, « ce qui fait d’autant moins de consommation pour la récolte de 2025 ». De plus, la récolte abondante de l’hémisphère Sud va continuer de peser sur les prix, « pas seulement jusqu’en juillet-août comme certaines années, mais jusqu’à décembre, anticipe-t-il. Il serait dommage de subir la même tendance que la récolte de 2024, avec des prix européens non compétitifs, où une partie de l’orge brassicole est partie en fourragère. On a besoin d’un élément déclencheur pour créer des variations de marchés plus importantes. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :